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Zeitouna libérée
1 août 2010

KARIM SARROUB : Ni Dieu ni maitre, ni soutien à Taoufik Ben Brik

Avant la campagne présidentielle tunisienne d’octobre 2009, on le croyait mort et enterré. Ou pire : quelque part dans un ministère, ou directeur d’un centre culturel à Paris, après quelques leçons sur la démocratie reçues de la part du dictateur tunisien Ben Ali, de véritables leçons qu’il aurait ingurgitées et apprises par cœur. Où est passé Taoufik Ben Brik, l’ennemi public numéro un de Ben Ali, l’Arlequin insaisissable, le poète maudit ? Il était en train de se battre, à mains nues, dans les rues de Tunis.

Il gambade, soûl de rage, lance ses poings devant lui, donne des coups de pieds, des claques, marque soudain un temps d’arrêt devant le portrait du dictateur tunisien comme quelqu’un qui se rappelle de quelque chose, puis jette ses deux chaussures à la face de Ben Ali, le visage déformé par la colère. Autour de lui, personne. C’est la fin de la nuit. Les rues de Tunis sont vides.

Ce Don Quichotte des temps modernes n’a pas baissé les bras. Plutôt crever. Il continue à se battre, le maquisard. C’est lui qui a contraint le dictateur Ben Ali à mettre un genou par terre. Et depuis, il dit ce qu’il veut, plus personne n’ose la ramener. Les leçons de démocraties que reçoivent les écrivains algériens de leurs présidents, lui il les connait par cœur. Mais il les a toutes réécrites. Sa profession : guerroyer, pourrir la vie au président tunisien chaque jour que dieu fait. Ses armes : les mots. Il travaille au ministère de la révolte, chef lieu de la poésie. Il y a un poste à vie. Et le 25 octobre 2009, ce Léo Ferré maghrébin s’apprêtait à donner l’assaut : retranché dans son théâtre antique, en plein milieu de la cité punique, il préparait l’invasion de Carthage, sous les youyous, pour s’emparer du palais présidentiel, cette forteresse qui n’a connu que deux occupants en 53 ans, avec la bénédiction de l’Elysée et sous l’oeil bienveillant de l’intelligentsia parisienne. Et aujourd’hui, il est en prison. Ni sa femme ni ses avocats ne savent où il est depuis le jour de son procès.

Cinq femmes et cinq hommes de plus comme lui, et tout le Maghreb se démocratisera avant la fin de l’année. Ecrivain, journaliste indépendant, Taoufik Ben Brik vit en Tunisie. Opposant déclaré au régime du président Ben Ali, il suit une grève de la faim durant 42 jours (du 3 avril au 4 mai 2000) pour protester contre les atteintes aux droits de l’homme du régime tunisien. Il faut être fou pour faire une chose pareille depuis la Tunisie. Et il l’est. Convenablement. Plutôt que subir la folie des autres, autant vivre pleinement la sienne. Et ça lui réussit. Ben Brik est de ceux qui se sont résignés à devenir fous pour ne pas perdre l’esprit. De ceux qui ne veulent pas avoir les mains sales. Et il a bien raison : quand on veut écrire, il faut avoir la conscience propre.

Source : 
Ni dieu ni maitre, ni soutien à Taoufik Ben Brik - 
Karim Sarroub, 28 NOV 2009

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Commentaires
H
c'est l'un des rares (le seul?) algérien à avoir soutenu Ben Brik sans hésitation;
J
http://abdoumenfloyd.centerblog.net/
J
karim sarroub est un type bien, ça ne m'étonne pas qu'il fasse un texte pour soutenir ben brik; voyez nos intellos algériens, ils se regardent en chien de faience, au lieu de se soutenir entre eux pour se libérer un peu plus de leurs dictatures
L
karim sarroub un racaille<br /> zeitouna vous faite comme lui
Z
merci pour votre soutien et votre beau texte cher karim sarroub
Zeitouna libérée
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